Wednesday, November 10, 2010

Révisions des lois sur l’avortement : Les chefs d’Etat africains invités à respecter leurs engagements

Par Issa NIANG

‘Nous avons entendu trop de promesse, ça suffit, il est tant de passer à l’action’ s’est exclamée Roselynn Musa, directrice de l’information du Réseau des femmes africaines pour le développement et la communication (Femnet), dans le grand amphithéâtre du Ghana College of Physicians and Surgeons. C’est presque un sentiment de rébellion qui s’est emparé des participants à cette conférence sur les avortements à risque en Afrique qui se tient à Accra du 8 au 11 novembre 2010.

Les différents communicateurs qui se sont succédé à la tribune, lors de cette rencontre d’Accra, ont été unanimes à reconnaître que les conférences, les déclarations et les promesses se multiplient pour ne rien changer au niveau de la santé reproductive des femmes. En d’autres termes, les Etats ne respectent pas leurs engagements. Le problème des avortements à risque en Afrique, lui, est d’autant plus compliqué à résoudre que les gouvernants ne veulent offenser personne. Le scénario est fort simple : ils se contentent de signer les conventions et protocoles et puis après, silence radio. Et quand le Commissaire national des droits de l’homme du Kenya, Winnie Luchiana, a dressé ce bilan sombre sur la mise en œuvre des engagements que prennent les chefs d’Etat dans les pays africains, tout le monde a opiné dans l’assistance.

En effet, à Maputo, dans la capitale mozambicaine, les chefs d’Etat africains avaient, en 2006, pris l’engagement, dans le cadre d’un plan d’action, de prendre des mesures en vue d’améliorer la santé de la reproduction des femmes africaines. Ce plan de Maputo visait à éliminer toutes formes de discrimination à l’endroit des femmes. Dans les chapitres qui évoquent les droits des femmes à la santé, on pouvait noter que celles-ci ont le droit de décider du nombre d’enfants qu’elles voudraient avoir. D’où la nécessité pour la majeure partie des pays africains de réviser les lois sur l’avortement, héritées de l’époque coloniale. Jusque-là des pays comme le Ghana qui abrite cette conférence sur les avortements à risque et la Zambie disposent d’une loi qui autorise l’avortement médicalisé.

La société civile, quant à elle, a sa responsabilité dans la lutte contre les lois restrictives qui empêchent les femmes de jouir de leur droit à l’accès à l’avortement sécurisé. Elle devrait passer au-devant de la scène pour inciter les populations à revendiquer leur droit.

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