Tuesday, November 9, 2010

Santé de la reproduction au Sénégal : Les avortements à risque représentent 4 à 5 % de la mortalité maternelle

http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=68659

Par Issa Niang

Les avortements à risque sont très répandus au Sénégal. Aucune localité n’est épargnée. Mais le phénomène prend une certaine ampleur dans les zones de forte migration comme Louga, Kaolack, Touba, le Fouta


On semble le perdre de vue, mais les avortements à risque constituent un sujet de préoccupation majeure au Sénégal. En effet, selon la Division de la santé de la reproduction, ils représentent 4 à 5 % de la mortalité maternelle. Et selon la dernière Enquête démographique de santé IV de 2005, celle-ci se situe à 401 décès pour 100 000 naissances vivantes. A la Division de la santé de la reproduction (Dsr) où nous nous sommes rendus en prélude à la Conférence d’Accra sur les avortements à risque, la sage-femme Seyni Konté Diop estime que ces chiffres sont largement sous-estimés du fait que cette pratique n’est pas autorisée par la loi.

Un avortement à risque est un avortement effectué dans de mauvaises conditions, entraînant un danger réel sur la vie de la mère. Interdits par la loi, les avortements à risque sont souvent effectués par un personnel de santé non qualifié avec des outils, un environnement et un plateau technique non adéquats. Or, ces pratiques, souvent clandestines, nécessitent un matériel stérile et sans risque, qui ne met pas en danger la vie de la femme.

De nombreuses complications surviennent à l’issue des avortements à risque. Selon la coordonnatrice santé de la reproduction (Sr), Seyni Konté Diop, elles peuvent être multiples : hémorragies, stérilité, ablation de l’utérus, septicémie, infections généralisées… A cela s’ajoutent les conséquences sociales. Celles-ci ont pour nom exclusion familiale, scolaire même si maintenant elle est temporaire, divorce…

Parmi les causes des avortements à risque, le refus de paternité, les grossesses non désirées, la promesse d’un emploi et le besoin de le conserver à tout prix, les études… Selon le Dsr, ce phénomène des avortements à risque est très répandu dans le pays. Aucune localité n’est épargnée. Mais l’ampleur du phénomène est plus importante dans les zones de forte migration comme Louga, Kaolack, Touba, le Fouta…

Au niveau de la Division de la santé de la reproduction, une politique de capacitation du personnel de santé sur les soins après avortement est menée. ‘Notre rôle n’est pas de faire la police, mais plutôt de soigner’, précise la sage-femme Seyni Konté Diop, déplorant le fait que les femmes arrivent tardivement dans les structures de santé pour se faire prendre en charge. Une fois dans la structure de santé, la femme est d’abord soumise à un traitement d’urgence. Ensuite, elle fait l’objet d’un councelling pré, per et post avortement. Un lien est établi avec la communauté pour éviter les retards lors des consultations.

Mais le plus important est de régler les besoins non satisfaits en matière de planification familiale. Ceux-ci tournent autour de 35 %. Face à ce gap, la Dsr envisage d’institutionnaliser une journée spécialement dédiée à la planification familiale. Elle entend également élargir la gamme de produits contraceptifs.

Quant à l’autorisation d’un avortement, elle relève d’un véritable parcours de combattant. Elle n’est accordée que si la vie de la femme enceinte est en danger. Mais pour cela, il faudra obtenir l’avis de trois experts différents en plus de l’autorisation du procureur de la République.
Walf Fadhri

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